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    Vers la baignoire aux sangliers

      

    Le soir réunis les conditions.

     

    La lumière règle ses comptes :

    va à l’encontre du jour,

    rase le sol,

    contraste le feuillage,

    efface le ciel,

    fait froncer les sourcils.

     

    Le soir gagne la partie.

    Les baigneurs remontent sur les berges,

     

    Alors…

    se souvenir du lac

    Entrevoir  sa surface s’habiller du coton des peupliers,

    du saut des poissons,

    du passage des hirondelles

    …. comprendre la sérénité d’une fin de jour.

     

    Le soir réunis les conditions.

     

    Et là,

    Un ruban,

    comme un envoûtement,

    un chemin prend par la main.

     

    Marcher.

    Oublier ses pieds.

    Dénouer un univers.

     

    Topographier :

    descendre dans le clair-obscur,

    vers des clôtures oubliées,

    croiser un rayon de lumière dans une crinière,

    goûter le souffle d’un naseau sur le visage.

    Prendre à gauche au casier de bois abandonnée,

    trouver des scorpions sous son plancher.

    Attendre la clarté d’une clairière tapis sous des broussailles,

     

    A 100m,

    ressentir la présence des bêtes,

    marcher jusqu’au désir d’être elles.

     

    A cet instant,

    tourner à droite,

    emprunter le sentier aux sangliers.

     

    Se faufiler,

    se courber,

    avoir 4 pattes,

    écarter les branchages,

    se laisser griffer,

    agripper.

    Avoir des yeux sauvages,

    craindre ce qu’il y a derrière,

    penser à la fuite.

     

    Acquérir une agilité farouche

    Et,

    descendre vers le marécage.

    Profond,

    le sol suinte

    l’odeur est âcre

     

    Sombre,

    la vase emprisonnent

    des saules tentaculaires,

    écroue la lumière de l’eau.

     

    Continuer,

    juste là à un pas,

    surprendre le crépuscule

    se souvenir du soleil.

     

    Suivre le sillon mêlé d’empruntes

    Arrivé à la baignoire aux sangliers.

     

    Ils ont l’air d’y avoir dansé !