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    Chemin de la treille, 24 décembre 2011

     

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    Le vent décornerait les boeufs…. La côte est rude… Mon souffle se mêle à celui du vent. L’idée me plaît… Le soleil aveugle… La lumière est effrontée et blanche… Toujours ce chemin, depuis l’enfance. Au loin, les caravanes de “l’ermite”, ses étendards d’éoliennes et de panneaux solaire… Le souvenir du chien Blaireau et du visage buriné de l’homme, qui du haut de sa montagne parlait du “Géant Casino”, le désignait dans la brume rosâtre, là-bas. J’aimais ce nom “Blaireau”. Puis j’ai grandis et j’ai compris que ce n’était pas vraiment sympa pour le chien.

    Le vent siffle et souffle les souvenirs. La terre est rouge et s’envole. Un portail grince et claque, l’éolienne s’emballe. Je suis dans un Western sans cowboys ni spaghettis…

     

    Ici, la Colline n’est pas en carton-pâte. Elle a l’amertume de la réalité. Ses flancs laissent entrevoir des arbres morts, plantés dans un paysage de rocaille. Disposés dans une logique humaine. Improbables. Le paysage ne ment jamais. Il raconte. Comme les rides sur un visage. Il signale la présence humain. Méandres, creux, ridules, rochers, ombres…

    Le portail grince, toujours. Lancinant, implorant. Invisible. Le portait a un chemin qui n’invite pas. Il ne clame pas “Home sweet home”. Sa perspective est un village fantôme. Le sol se parsème sous les pas d’objets de métal rouillés. Désuets. La végétation devient antre. La nostalgie se respire, la désillusion se transpire. L’image de l’abandon s’installe. Trou béan aux pieds de racines recroquevillée. Taris. Tuyaux, forages trahissent le mirage. Ni flaque, ni goutte d'eau. Un réservoir dans lequel quelques plantes ne se querellent pas une place au soleil.

    Je me souviens des histoires de Marcel Pagnol. La source a vécue, a laissé entrevoir une chimère et s’est tue. Disparue comme elle était venue. Elle a pris un autre chemin souterrain. L’Homme ambitieux, il a creusé, foré plus profond sa désillusion. Mythe. Aucun figuier ne trahis l’espoir.

     

    De la maison, il ne reste que la carrure métallique. Ossature aujourd’hui branlante. Contorsionnée par la température d’une fournaise. Incendie. La pluie a rouillé les restes de sa carcasse. La destinée des deux extrêmes. Le sort. Les aléas de la météo. Le chaud, le froid, la pluie, la sécheresse sont des visiteurs impétueux. Ils n’arrivent jamais quand on les attend. Au alentour un magma foutoir. Déchiffrable. Ils sont les restes d’un cadavre. Celui d’une tentative de domestication. Bétonnières, outils, herses rouillés toutes griffes dehors. Tracteur comme arrêté en plein vol. Engloutis par les arbres. Voraces. Ils nourrissent cependant la terre. Etendent à leurs racines une nappe verdoyante. En l’absence, en l’abandon, l’herbe fait un pique-nique et profite du paysage. Insolente! Sauvage!

    Revenir sur ces pas. 16h. Le vent fait scandale. La maisonnette, restes du naufrage, possède un aura. Celui du rêveur qui s’y est vu vieillir. Le soleil se couche sur Notre Dame. La mer est horizon. La vue est imprenable. La baie a perdue vitres et spectateurs. La ferraille claque. Mon mégot s’envole. Sa course s’arrête dans les débris de verre qui ont éclaté dans la fournaise.

    Le vent s’engouffre. Plus fort. Il souffle et chante: "You are not a lonesome poor cowboy".